EXPOSITION DANS LE FORUM

« Protecteurs de l’Eau, Gardiens de la Terre » du Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques

Du 9 mars au 25 mars 2018

Protecteurs de l’Eau, Gardiens de la Terre
Water Protectors, Keepers of the Earth

  1. Historique du mouvement de résistance contre la construction de l’oléoduc DAPL (Dakota du Nord, Etats-Unis) d’avril 2016 à février 2017 :

Entre avril 2016 et février 2017, la réserve de Standing Rock a été le théâtre du plus grand rassemblement de tribus autochtones en Amérique du Nord, pourtant peu relayé par les médias nationaux français. Standing Rock est un site historique, depuis le massacre d’Amérindiens à Wounded Knee en 1890, jusqu’à la mobilisation en ce même lieu en 1973 (qui avait conduit à l’arrestation de Léonard Peltier, emprisonné depuis). Cette réserve a été crée à Fort Yates en 1873, à la suite de la signature des traités de Fort Laramie (1851 et 1868), délimitant les territoires Sioux[1].

Près de 300 communautés amérindiennes des Etats-Unis et du Canada, mais aussi des soutiens provenant du monde entier, se sont retrouvées sur ces terres afin de se mobiliser contre la construction de l’oléoduc Dakota Access Pipeline (DAPL)[2] de 1886 kms par la société Energy Transfer Partners, traversant des terres sacrées pour les Lakota, et menaçant les ressources naturelles de la région. Les opposants au projet se sont rebaptisés « Water Protectors », ou Protecteurs de l’Eau, et organisés sous la forme de trois camps différents : Oceti Sakowin, Sacred Stone Camp, et Red Warrior Camp. La réserve de Standing Rock longe la rivière Missouri et son affluent, Cannonball River. Suspendue par Barack Obama mais relancée puis achevée depuis l’investiture de Donald Trump, la construction de ce gazoduc entraîne donc le risque que des millions de mètres cubes de pétrole soient déversés dans l’eau, polluant ainsi une ressource vitale à la fois pour les populations vivant sur la réserve mais également pour l’ensemble du pays. Le tracé initial faisait passer l’infrastructure aux abords de Bismarck, capitale du Dakota du Nord. Les habitants de la ville (de « race » blanche majoritairement) s’y sont opposés. En février 2017, les dernières personnes encore présentes sur le site ont été évacuées par l’armée, qui ont tenu à brûler leurs tipis et leurs hogans (habitats traditionnels diné ou navajo) avant de quitter les lieux, ne voulant pas que ces habitations construites de manière sacrée ne soient laissées aux mains des forces de l’ordre. Si s’opposer à la construction de ce gazoduc est désormais inutile, le combat n’est pas terminé. Des tipis ont été ensuite installés aux pieds de la Maison Blanche (Washington, D.C.) pour dénoncer l’évacuation des campements de résistance. Pour notre part, nous pensons qu’il est encore possible de lutter contre de tels projets d’extraction extrêmes, fruits du système capitaliste occidental néocolonialiste, dans un premier temps à travers l’information du public. Peu médiatisée en France, cette mobilisation a pourtant été d’une ampleur sans précédent, et permet de s’interroger sur l’actualité des projets extractifs et leur impact sur notre environnement. D’autres travaux de cet ordre sont d’ores-et-déjà prévus aux Etats-Unis et au Canada (projets de forage à Chaco Canyon, au Nouveau-Mexique ; les oléoducs Line 3 dans la région des Grands Lacs aux Etats-Unis et Trans Mountain de Kinder Morgan au Canada), mais aussi sur le territoire français de Guyane avec le projet aurifère de la Montagne d’Or. Dans un second temps, il s’agit de créer les conditions d’émergence d’une mobilisation commune grâce à l’Art. Nous pensons ainsi que le combat mené jusqu’à présent n’est pas perdu, il se prolonge à travers l’ensemble des œuvres nées à Standing Rock et diffusées depuis.

Les œuvres de l’exposition « Protecteurs de l’Eau, Gardiens de la Terre » sont des créations produites à l’occasion de la mobilisation contre la construction de l’oléoduc DAPL à Standing Rock mais également contre les autres projets d’extraction extrême précités. Notre projet a pour but d’offrir une visibilité aux productions artistiques contemporaines nord-amérindiennes en France, et susciter des réflexions sur des questions liées à l’écologie, à la décolonisation et aux différentes stratégies de résistance pouvant être mises en oeuvre. Elle propose également de démocratiser l’art et de le rendre accessible à tous, puisque les œuvres graphiques (libres de droits) sont imprimées sous la forme de feuillets détachables que chacun peut emporter avec lui, et même diffuser, en conservant l’esprit initial qui a suscité ce rassemblement : la lutte.

  1. Les artistes de l’exposition :

Dans le cadre de la Journée Internationale de Solidarité avec les peuples autochtones des Amériques organisée le 14 octobre 2017, le CSIA-Nitassinan avait organisé du 5 au 10 octobre 2017 à la Galerie Orenda (Paris, VIIème arr.) l’exposition Gardiens de la Terre / Keepers of the Earth, composée d’œuvres d’artistes amérindiens et chicanos, en soutien à la lutte menée dans la réserve de Standing Rock (Dakota du Nord, Etats-Unis) contre la construction de l’oléoduc DAPL par Energy Transfer Partners. Suspendue par Barack Obama, celle-ci a finalement été relancée et achevée après l’investiture de Donald Trump en janvier 2017.

Aux côtés des dessins, des affiches et des peintures, rassemblés pour la première fois à la Galerie Orenda, cette exposition itinérante s’est ensuite enrichie d’une série de photographies noir et blanc réalisées par Cyrus Leopold Norcross (diné/navajo) le 27 octobre 2016, date à laquelle les Water Protectors (Protecteurs de l’Eau) en lutte contre l’oléoduc DAPL se faisaient attaquer par les forces de police du Morton County.

Les œuvres présentées promeuvent plus largement des revendications écologiques et politiques visant à conserver dans le sol les énergies fossiles et à lutter contre l’ensemble des projets extractifs, qui conduisent à la destruction de l’écosystème et impactent en premier lieu les communautés autochtones. En effet, d’autres projets d’extraction extrême sont actuellement en cours en Amérique du Nord, tels que les oléoducs Trans Mountain de Kinder Morgan et Line 3 d’Enbridge.

Les artistes de l’exposition sont : Christi Belcourt, Ricardo Caté, Ka’ila Farrell-Smith, Jackie Fawn, Keith Haines, Cannupa Hanska Luger, Dylan Miner, Isaac Murdoch, Erica Pretty Eagle Moore, Cyrus Leopold Norcross, Ernesto Yerena.

  1. Calendrier :

Cette exposition a été présentée :

A la Galerie Orenda, à Paris, du 5 au 10 octobre 2017 ;

A la CNT, rue des vignoles à Paris, le 13 octobre 2017 ;

Au Centre International de Culture Populaire (CICP), à Paris, le 29 novembre 2017 ;

Au Hangar (Ivry-sur-Seine), le 4 novembre 2017 ;

Au Tremplin (Ivry-sur-Seine), du 8 novembre au 10 décembre 2017.

Elle sera exposée :

Durant la Semaine anticoloniale, à la Bellevilloise (Paris), à partir du 10 mars 2017 ;

A la librairie Quilombo, du 13 mars au 6 avril 2017 ;

A Asti, en Italie, à partir de juin 2017.

 

 

[1] Nom générique qui désigne en réalité trois tribus : Dakota, Lakota, Nakota.

[2] Renommé « Serpent Noir » (Black Snake) par les « Protecteurs de l’eau » (Water Protectors).