En janvier 1877, aux lendemains de la Commune, dans les XIXe et XXe arrondissements de Paris encore meurtris par la répression, vingt ouvriers, parmi lesquels dix-huit mécaniciens, fondent la troisième coopérative de Belleville, un petit dépôt d’épiceries qui ouvre deux soirs par semaine et où, à tour de rôle, après leur journée de travail, les ouvriers assurent la vente.
A la veille de la Grande Guerre, forte de ses 9000 sociétaires, La Bellevilloise est la première coopérative parisienne, la première également du pays, à tel point qu’elle fait figure de modèle. A cette époque, dans « La maison du Peuple de la Bellevilloise », tandis que Jean Jaurès tient des rassemblements politiques au 1er étage, on expérimente au rez-de-chaussée, suivant les principes de Joseph Proudhon, les prémices de ce qu’on appelle aujourd’hui le commerce équitable, avec des échanges directs « du producteur au consommateur ».
Depuis sa création, La Bellevilloise a pour projet de permettre à tous l’accès à l’éducation politique et à la culture. L’immeuble reflète cet objectif : la majeure partie du bâtiment est affectée à des salles de réunion, les activités commerciales se limitant à la boutique en façade et au café contigu.
Les partis pris de la Bellevilloise, les succès qu’elle affiche lui permettent de se prévaloir du qualificatif de « forteresse culturelle ». A cette époque, La Bellevilloise crée et subventionne de nombreuses œuvres : « l’université populaire La Semaille », une bibliothèque (4000 volumes), un groupe artistique d’avant-garde « La Muse Bellevilloise », une Symphonie, l’Harmonie Bellevilloise et l’un des tous premiers cinémas de Paris « Les étoiles »…
On vient célébrer les victoires électorales dans le café de la Bellevilloise, qui est alors à son apogée. A partir de 1936, des luttes intestines entre différents membres commencent, et s’intensifient au fil des années jusqu’à déclencher la faillite du lieu.
La ligne Bellevilloise : liberté d’expression, brassage culturel et avant-garde
Depuis sa réouverture, La Bellevilloise, lieu parisien de culture, indépendant et multidisciplinaire, installé dans l’ancienne maison du peuple, dédie plus de 2000m² à toutes les formes d’expressions et d’expérimentations : démarches artistiques innovantes, nouvelles pratiques culturelles et sociales, présentations, mais aussi médiatisations festives des idées et des créations…