Woods Trinidad Legend en concert à La Bellevilloise samedi 19 juillet 2025.
Le pianiste et compositeur Wilfred Trevor Woodley alias Woods vient au monde en 1934 à Point Fortin, sur l’île antillaise de Trinidad. Sa mère est professeur de piano mais gère également une scierie. Quant à son père, dont on ne sait pas grand chose, c’est un musicien influencé par Fats Waller et Art Tatum. En 1940, alors que débute la seconde guerre mondiale, Woods se distingue déjà lors de concerts dédiés aux soldats anglais blessés au front. En parallèle, les steel drums se développent un peu partout sur l’archipel. Héritières de l’emblématique tamboo bamboo, ces percussions à la musicalité incroyable sont accordées par les tuners, à partir de barils utilisés par les raffineries de pétrole du secteur.
Dans les années 50, Woods débarque en Europe. On le dit en Allemagne, au sein de clubs ou sur les bases militaires alliées. Le virtuose va ensuite connaitre une destinée incroyable en épousant, en 1960, Juliet Priscilla Mary Duncombe. Fille de militaire et dignitaire britannique, celle-ci incarne, de par ses choix conjugaux, une ouverture d’esprit proverbiale. Singulier, cet épisode fait naturellement écho à la baronne Pannonica de Koenigswarter et à son soutien au milieu jazz américain. Durant cette décennie, Woods affirme son talent à Notting Hill, le quartier afro-caribéen de Londres où il côtoie son compatriote Michael X. Malheureusement, les contacts glanés avec le tissu artistique ambiant ne profitent pas au musicien trinidadien qui souffre d’instabilité chronique.
L’après-68 sonne tel un appel : Woods met le cap à l’Est et découvre le Proche-Orient puis l’Inde. Il joue ensuite en Suède mais termine en prison après avoir été condamné suite à une bagarre. Il intitule d’ailleurs un de ses thèmes « Kumla », d’après la maison d’arrêt scandinave où il purge sa peine. Dans les années 80, Woods retourne à Trinidad. Il rencontre le contrebassiste et arrangeur Earl Rodney et un jeune joueur du steel drum du nom de Jason Baptiste. En 1990, le sort s’acharne sur le pianiste : il a les deux jambes broyées par un camion, lors d’une tentative de coup d’État à Port of Spain. Au mitan de cette décennie, il découvre qu’il a une fille en Israël et part là-bas muni d’un visa touristique. Désormais handicapé, Woods trouve toutefois un relatif équilibre en Terre Sainte. Sur place, il est hébergé par Ben Danzig et crée différents morceaux pour le groupe Kalja (soit les premières syllabes des mots calypso et jazz).
À Tel Aviv, il fusionne notamment les rythmes découverts lors de ses voyages successifs avec les musiques improvisées. Woods retrouve finalement Trinidad en 2008 et décède deux ans plus tard, en léguant une production riche mais méconnue.
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18h30 : ouverture des portes
20h : début du concert
La réservation est vivement conseillée.
2€ par personne s’ajoutent à l’addition si vous dînez pendant le concert.